En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Le vannier, le hottier, le jouguier, le galochier, le sellier-bourrelier, les perleuses, le dinandier, le saigneur, les potiers de terre, les charrons.

Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Métier raconté, les potiers de terre de Ravel.

La poterie, un gagne-pain?.


Les vernis au plomb donnent un aspect brillant à la poterie. On peut le regretter ou l'aimer, c'est selon les goûts. Michèle Bénard regrette son apprentissage manqué des Beaux-Arts quand les autres élèves découvraient le secret des émaux. Ce que nous apprécions chez elle, c'est qu'elle ait consentante ou non conservé la tradition du père Chanet. Celle d'une poterie domestique vernissée, aux formes simples, aux couleurs sobres. Les productions du grand-père étaient des poêlons de terre, des oulettes, des tripières, des daubières, des soupières, des bols, des jattes, des pichets, des aiguières, des plats. Sa palette utilisait les ocres jaunes, les bruns roux ou pain brûlé, les noirs et les verts sombres. La décoration était discrète, cordons moletés, gorges légères, fleurons réalisés au pochoir.


Position de tournage d'un couvercle de soupière.

- La production de Michèle Bénard tout en se renouvelant et en s'adaptant à certaines demandes de la clientèle, a su conserver l'essentiel, une certaine idée de la qualité liée à la rusticité.

- Nous avons connu le père Chanet à la fin de sa vie, son métier le nourrissait honnêtement. Aussitôt cuites, les poteries ne restaient pas longtemps au magasin. La plupart du temps, elles étaient même exécutées sur commande.



- Qu'en est-il pour sa petite fille?

On ne peut guère comparer leurs deux situations.

- L'un était un artisan à plein temps, connu et en pleine possession de ses moyens physiques et techniques, ceci à un âge avancé.

- L'autre est une jeune femme chargée de famille, deux enfants et qui fait de la poterie un passe-temps et un appoint de ressources. Bien qu'elle ait plus de quinze ans de pratique, elle reconnaît, avec une belle franchise, faire encore des progrès en tournage.
Son mari travaillant, elle n'a pas « besoin » de vendre ses poteries au sens strict du terme. Sa démarche ne s'inspire pas non plus d'un désir d'affirmation d'elle-même.
Il y avait tout simplement, ce grand vide laissé par le père Chanet à sa mort, les deux tours et leur volant immobile,les étagères sans poteries, le malaxeur au repos, le bac de décantation à sec, le four éteint.
Et face à ce vide, une adolescente qui se cherchait, qui avait « tournaillé » quelque peu avec le grand-père, mais qui en était restée à ces balbutiements. Le père d'abord, le mari ensuite ont encouragé la vocation de la jeune potière. On connaît la suite.

- L'aspect « rentabilité » vaut qu'on s'y attarde un peu. Michèle travaille régulièrement 3 à 4 heures par jour, les jours d'école uniquement. Elle vend surtout à la belle saison, du mois de mai au mois de septembre et démontre volontiers à la demande. Cet aspect vitrine de son métier ne lui déplaît pas. Elle insiste sur la stupéfaction des gens qui voient naître en un instant la poterie dans les mains de l'artisan. Cette fascination aide beaucoup l'acheteur dans sa démarche, l'objet ramené vivra d'une vie intense grâce au souvenir du tournage. Ajoutons que l'objet tourné sera séché, verni et cuit comme les autres, la démonstration n'est pas du temps gâché.

- Est-elle impressionnée par ces gens qui la regardent ? Mes parents disaient, « Oh, elle n'y arrivera jamais, elle qui est timide... » quand je suis devant ma poterie, je ne m'occupe pas des gens qui sont autour de moi. Je m'occupe uniquement de mon tour. Finalement à force de voir des gens... on n'y fait plus attention.

- Cette assurance tranquille de l'artisan tranche avec l'ébahissement des spectateurs, subjugués par le spectacle qu'ils ont sous les yeux.

- Les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas, 1978 et 1979 n'ont pas été des années fastes à cause de la crise économique. Il y a quelques années, quand les gens partaient en vacances, ils achetaient des cadeaux pour la voisine qui gardait les chiens, les chats, ou les pots de fleurs. Alors que maintenant, on achète plutôt des pièces utilitaires... Vous pouvez me donner des exemples? Des petits pelons, des déjeuners, des services à café, des services à gratiner....

- L'utilitaire n'est pas forcément le plus avantageux pour l'artisan car il faut deux cuissons, un vernis et un prix « raisonnable ». Les bibelots fantaisie sont plus rémunérateurs mais la vente est difficile dans la conjoncture présente.

- Il y a aussi affaire de mode, « Je suis arrivée à faire de la poterie à un moment où il y avait sur le marché beaucoup de Vallauris. Les gens en étaient un peu saturés et ils cherchaient ce qui sortait des rouges criards qu'on voyait... Je fais beaucoup de bruns ou de terres naturelles parce que c'est des couleurs que les gens recherchent ».

- Présentement ce sont les grès qui sont en vogue parce que moins poreux que les poteries vernissées, avec des possibilités de couleurs plus variées. Les gens voyagent, voient du nouveau, leurs goûts évoluent. Michèle Bénard doit compter avec ces nouvelles données alors que son grand-père a vécu la fin de l'âge rustique sans tous ces avatars.


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