En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Le vannier, le hottier, le jouguier, le galochier, le sellier-bourrelier, les perleuses, le dinandier, le saigneur, les potiers de terre, les charrons.

Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Métier raconté, les perleuses de Margeride.

L'artisanat de la perle.


C'est à deux témoignages que nous devons l'essentiel de notre information sur le travail des perleuses,  celui de Mme Faury, belle-fille de l'industriel et celui de Mme Vignal, ouvrière de Darnes.

- Cette dernière est née en 1896 et a appris auprès de sa mère dès l'âge de 12 ans, ce qui nous mène en 1908 environ. Elle a peu exercé puisqu'elle nous dit avoir cessé à la fin de la première guerre mondiale, l'affaire de Claude Faury arrête vers 1929. C'est donc entre sa sortie de l'école et son mariage que la jeune Julie Dumas plus tard épouse Vignal a pratiqué le soufflage des perles.

- Sa mère Marie Bergougnoux, épouse Dumas, avait appris à faire les perles à Langeac. Sa tante, Virginie Cubizolles, était perleuse également.

- Mme Vignal nous raconte qu'elles travaillaient à trois, chez elle, au même établi, sa mère, elle-même et une camarade de son âge Amélie Laurent, qui habitait le même village.

- Il existait deux sortes d'ouvrières, celles qui travaillaient à plein temps, de dix à douze heures par jour, et celles qui s'occupaient à la veillée. Le père de Mme Vignal avait une petite ferme, sa fille l'aidait à conduire les chevaux. C'est donc aux veillées, à la lumière des tirses, torches de résine, que les trois femmes soufflaient des perles. Cette pénombre était propice au travail et permettait de mieux percevoir la couleur du verre chauffé.

- Au cours d'une bonne veillée, c'est-à-dire entre huit et onze heures et demie, en se tenant bien à l'ouvrage, chaque ouvrière pouvait exécuter un millier de perles environ. Le travail était minutieux, demandait une grande tension nerveuse. Cela se traduisait par des douleurs dans les épaules et une fatigue de la vue.

- Les dentellières, très nombreuses dans cette région avaient un dérivatif, la langue. Et on sait la musique que celle-ci faisait mêlée au cliquètement des fuseaux. Pour les perleuses, point de recours de ce côté-là, car tout ce qui pouvait bouger était occupé, les pieds à pédaler, les mains à rouler la tige ou à couper, la bouche à souffler ou à tenir. Alors de temps en temps, on s'arrêtait pour manger une tartine de confiture. C'était la seule distraction que l'on s'octroyait.

Le comptage des perles.

- L'ouvrière, avec sa lime, groupait les perles par 5 sur la table et les faisait glisser dans un sac en tissu quand il y en avait mille, « On les faisait venir comme ça, cinq par cinq. On y comptait un. C'était un compte. Après, quand on avait fini, on multipliait ».

Chez le leveur.

- En hiver la saison la plus propice pour faire les perles car il n'y avait pas la concurrence des travaux agricoles on descendait une fois par mois à Langeac. On choisissait un jeudi, jour de marché. On vendait les produits de la ferme, le beurre, le fromage, les oeufs. On en profitait, également, pour passer chez « l on perlaïre » pour vendre ses perles et prendre une provision de verre.

- Le leveur opérait ainsi, il prenait une réserve de 500 perles qu'il mettait sur le plateau de sa balance. Dans l'autre plateau déversait les perles de l'ouvrière, de même diamètre, jusqu'à l'équilibre du fléau. C'est ainsi que grâce au pesage, le mille de perles qui était l'unité de paiement, était vite compté. Mine Vignal nous dit qu'il y avait très peu d'écart entre son propre compte à l'unité et celui du leveur à la pesée.

- Ces balances que l'on voit sur les documents photographiques étaient des instruments de type Roberval avec des plateaux demi-sphériques pouvant contenir un assez grand nombre de perles.

La rémunération du travail.

- Mme Vignal nous dit avoir été payée 8-10-12 sous le mille, selon la grosseur de la perle. Mais son souvenir n'est pas très précis. Lesquelles étaient le plus payées, les fines les grosses? D'après Mme Sauvant qui a été perleuse à Langeac, le gain hebdomadaire était de 10 à 12 francs pour des journées de 12 heures. Les grosses perles étaient payées 20 sous le mille et 2000 perles pouvaient être fabriquées par jour.

- Une autre source nous apprend ceci, « Voici les chiffres que m'a communiqués M de Las Cases, les perles moyennes et petites, équivalant à peu près comme grosseur au plomb de chasse nos 6 et 4 sont payées à raison de 0,40 F le mille. Une bonne souffleuse en fait 8000 dans sa journée. Les grosses perles, chevrotines sont payées à raison de 0,90 à 1 franc et une ouvrière habile arrive à produire 350 perles à l'heure ».

- Si l'on compare les 3 sources, elles concordent pour l'essentiel c'est-à-dire pour le rythme de travail et pour la rémunération. Il faut simplement bien savoir de quel diamètre de perles il s'agit, si les chiffres que l'on donne sont une moyenne ou s'ils expriment les performances d'une habile ouvrière, si les veillées sont longues ou courtes, etc...



- Le salaire réel d'une ouvrière à plein temps peut se calculer ainsi, d'après P. Roqueplo,

- Salaire brut journalier, 8000 perles à 0,40 F le mille soit 3,20 F.

- Charges, 3 centimes de verre pour mille perles, soit 24 centimes, 4 à 5 centimes pour la location d'un établi, 12 centimes de pétrole pour 10 heures de travail. Au total : 0,40 F de frais.

- Salaire réel, 3,20 moins 0,40 soit 2,80 Francs.

L'apprentissage.

- Nous emprunterons encore une citation à l'auteur précédent, « Voici comment on a procédé dans les débuts. A trois reprises, un professeur vint s'installer pendant trois mois dans les nouveaux centres et initia les apprenties qui, à leur tour, formèrent d'autres ouvrières. L'apprentissage n'est pas long mais il faut assez longtemps pour acquérir la rapidité du travail et le doigté nécessaire, aussi dans de nombreux centres lozériens la plupart des ouvrières ne peuvent-elles pas encore fabriquer plus de 4500 à 5000 perles par jour, ce qui donne un salaire moyen net de 1,50 à 1,75 F ». Cet apprentissage par boule de neige semble bien avoir été la filière suivie par nos perleuses de Darnes.

- La mère a appris à Langeac, auprès de la fille d'un facteur.

- Puis elle a appris à deux jeunes de Darnes, Julie Dumas sa fille et Amélie Laurent.


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