Des métiers racontés par leurs ouvriers.

Les charrons d'Auvergne et du Bourbonnais.

Réflexion sur le charronnage.

Le charronnage, par toutes les qualités qu'il exige de l'artisan, représente une des formes les plus accomplies du travail manuel. C'est le métier qui nous a donné le plus de fil à retordre pour sa compréhension et son étude, il y a à cela des raisons très précises.



Le charron doit posséder.

- La force pour soulever à deux des roues de plus de 100 kg.

- La précision dans les calculs, les mesures, les tracés.

- L'adresse, certaines opérations demandent de la promptitude.

- Mais ce qui étonne le plus, c'est cette polyvalence entre le bois et le fer.

- Il faut avoir le « sens du bois » pour découper celui-ci selon le fil, choisir les meilleures essences, les marier selon certains degrés de siccité, calculer les emboîtements en force, éviter les nœuds, etc...

- Il faut aussi posséder de façon consommée l'art de la forge pour fabriquer les outils, les tremper, les affûter, chauffer les bandages pour les dilater, les rétreindre, etc...

- Le nombre des chantiers de travail est lui aussi impressionnant. Chaque opération a su créer son support pour un meilleur travail de l'outil, une meilleure position de l'ouvrier. Rappelons la quille qui maintient la roue en oblique, la sellette qui permet les reports de diamètre et la mesure d'écuanteur, le mouton à enrayer, le chantier à rai, le chantier à moyeu...

- Quant aux tours de main et aux outils, nous avons essayé d'en donner un aperçu au cours de la description de la roue. Ils sont là aussi d'une infinie variété.

- Le charron, tout comme le maréchal-forgeron et taillandier apparaît donc comme un des pivots de la cellule villageoise jusqu'à une date très récente. On a besoin de lui pour un objet essentiel, la voiture à roues en bois, cerclées de fer. La pérennité de la roue en bois au cours des millénaires contraste avec sa brutale disparition au XXe siècle.

- La roue de charron, bien que technologiquement dépassée dans le domaine des transports terrestres, est un objet solide et beau. Sa structure rayonnante l'a fait assimiler à un soleil dont le moyeu serait le noyau central, les rais la lumière, les jantes la sphère d'un univers fini. La roue nourrit le rêve, de la technologie à la cosmogonie il n'y a qu'un pas. Et n'est-ce pas cette valeur que les gens lui reconnaissent confusément lorsqu'il font de la roue un élément de décor dans le portail de leur maison?