En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Le vannier, le hottier, le jouguier, le galochier, le sellier-bourrelier, les perleuses, le dinandier, le saigneur, les potiers de terre, les charrons.

Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Les charrons d'Auvergne et du Bourbonnais.

La roue en fer.


Quand on ferrait, à Jenzat ou ailleurs, c'était toute la journée, « Vous savez, quand on fait une fournée de roues c'était le mot qu'on employait et bien fallait travailler le matin, préparer le feu... tout ça... le soir il y en avait assez. Ça faisait de sacrées journée. Ah oui, c'était pénible, très pénible ».

Comme le boulanger et le potier qui commercent avec le feu, le charron fait également des « fournées ». Le mot évoque la chaleur, la rapidité d'exécution, le travail harassant. On n'en faisait d'ailleurs que 3 par an, cela suffisait aux besoins.

a) Le bois doit être flambant, « On brûlait souvent de vieux déchets de roues qu'on avait réparées. Des vieux bois de démolition, des brancards de voitures qui étaient cassés qu'on avait refaits. On tâchait d'économiser. Ou alors du bois de stère.

- On achetait les arbres dans la forêt. Alors la tête du chêne ou la tête de l'ormeau, on récupérait ça pour faire du bois de chauffe » (R.M.).

b) Le brasier. Parfois, on chauffait 3 ou 4 roues. D'autre fois, une quinzaine. Quand on avait des roues de diamètres différents, on plaçait les petites à l'intérieur des grandes, ce qui permettait d'avoir un feu moins haut. Le cercle de base n'était pas placé à même le sol, mais sur 4 ou 5 boîtes d'essieu que cette opération permettait de dégraisser ! Le bois, débité en bûchettes est disposé autour des cercles, dedans et dehors. On y met le feu. Le brasier commence à chauffer les cercles. Armé de sa fourche à trois dents, le charron surveille son feu et avec le bout de son manche, teste le degré de chauffe, quand le bois « coule » au contact du fer, ce dernier est prêt pour le cerclage.

c) Le chantier à ferrer. Le support qui maintiendra la roue pendant le cerclage à chaud peut être un simple trépied formé de trois pieux pénétrant dans les rayons et tenant la roue horizontale par poussées opposées. Dans beaucoup d'endroits, à Montmeyre, à Sayat, à Volvic dans le Puy-de-Dôme, devant l'atelier et au-dehors, se trouve une dalle munie d'un anneau. La roue est posée horizontalement sur des quilles de bois, une par joint, débordant légèrement du cercle de la roue pour pouvoir arrêter le bandage. Une tige crochetée en bas dans l'anneau et vissée en haut sur le moyeu maintient solidement la roue.



- Roger Méténier a construit un chantier en fer plat en forme de corolle ouverte. On y pose simplement la roue et on travaille à hauteur de main, à 70 cm du sol environ.



- On le voit donc, selon les lieux, selon les moyens dont on dispose et l'ingéniosité que l'on déploie, plusieurs solutions technologiques se présentent pour réaliser un travail identique.

d) Le ferrage proprement dit. Le cerclage est une opération que nous avons pu reconstituer grâce à la complaisance de Roger Méténier qui a bien voulu décercler une roue et la referrer sous nos yeux. Mais dans une « fournée » il en allait tout autrement,

- « Alors, c'était un travail, il fallait aller très très vite. Parce que vous savez, le feu, quand on commence à sortir les cercles, il commence à tomber. Alors, pour ferrer une quinzaine de roues, il fallait compter pas plus d'une demi-heure, 20 minutes. Alors là, fallait connaître le métier. Y avait pas une parole. Tout le monde est à son poste.



- Qui y avait-il?

- Et ben, y avait d'abord le patron. Les deux compagnons en général qui sortaient le fer du feu. Puis, quand on l'avait mis sur la roue, sur le chantier, et ben y avait la patronne qui arrosait avec l'arrosoir. Ou alors un voisin qui avait l'habitude, qui venait nous aider. Ou un collègue qu'on s'entraidait ».

- Ce récit, on le trouve à quelques termes près dans l'interview d'Antonin Boissy, de Volvic. Moi, j'ai travaillé avec le feu toute ma vie. Et bien, vous savez, ça va vite. Et quand on faisait une flambée, en 20 minutes on chauffait 10-12 embattages. Et après, hop! là-dessus, on emportait ça avec des griffes et fallait y aller là-dedans... J'ai eu brûlé mes moustaches et mes cils. Et ma femme aussi a eu brûlé ses cheveux ».

- Même rapidité sans précipitation, concentration et précision des gestes, réunion du maximum de bras possibles, y compris la femme, tel est ce ballet infernal du cerclage des roues. Au signal du patron, trois personnes soulèvent avec des griffes le cercle et l'amènent sur la roue. Comme il s'agit d'un recerclage, le charron a engagé une queue de lime dans un trou de boulon. Il guide ainsi le cercle sur la roue en enfonçant la lime dans un trou correspondant de la jante, les trous du bandage retrouvent leurs homologues de la roue. Avec de gigantesques « tourne-à- gauche » les aides emboîtent le cercle sur la roue.



- Pendant ce temps, on arrose abondamment le cercle sur son pourtour pour éviter qu'il ne brûle le bois. La roue est alors mise sur la quille qui la maintient en oblique et, par rotation, on immerge le cercle encore chaud dans un bac à eau. Ce bac à refroidir est un simple bidon coupé dans le sens de la longueur. Pendant qu'on fait tourner la roue devant lui, le charron frappe le cercle à grands coups de marteau, pour le centrer parfaitement par rapport à la jante.



- Dans certaines forges nous avons vu une installation de refroidissement qui constituait un véritable chantier. Une potence reçoit la roue verticale où elle peut tourner sur un axe. Une rigole creusée dans une dalle de granite baigne la partie basse de la roue et la refroidit.

e) Le boulonnage et les finitions. Selon les endroits ou les types de roues, on place 1 ou 2 boulons par jante. Ce boulon, dit à tête d'homme est fraisé pour que sa tête affleure juste le fer du bandage. Ce boulonnage n'est théoriquement pas nécessaire puisque dans le calcul de la circonférence intérieure du cercle on a compté le serrage. Le chauffage n'a donné qu'une dilatation provisoire, le temps de la pose sur les jantes. Le refroidissement immédiat a donc redonné le serrage calculé. Mais en vieillissant, le bois de la roue va travailler, se contracter. Les boulons évitent donc le jeu entre le bois et le fer.



- Il faut encore enlever le bois qui « désaffleure » du cercle, ceci à la plane. Puis fretter le moyeu. Les frettes et cordons posés lors de l'enrayage sont tombés car le moyeu s'est desséché. On réutilise ces petits cercles en les resserrant.

- La frette intérieure n'est pas très large. La frette extérieure est large, elle a pour rôle de protéger l'écrou de l'essieu.

- Les cordons sont deux liens qui renforcent le moyeu à proximité des rais.

- Cordons et frettes tout en comprimant le bois et ses assemblages, compensent également la pression intérieure de la boîte.


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