En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Les charrons d'Auvergne et du Bourbonnais.

La roue en blanc, les jantes.


Si on examine le cercle en bois d'une roue, on repérera vite les points de jonction. Chaque jante reçoit 2 rais et le nombre de jantes est évidemment proportionnel au diamètre de la roue, 1 m - 5 jantes, 1,20m - 6 jantes, 1,40 m - 7 jantes, etc...

- Il y a donc autant de gabarits de jantes que de diamètres possibles. Et il est impressionnant de voir tous ces modèles, suspendus aux solives, dans une charronnerie industries comme chez Trunel au Jacquet d'Ambert.

- On pourrait penser que le gabarit a été obtenu par un traçage simple, celui de deux cercles concentriques délimitant un secteur de couronne, divisant la circonférence selon le nombre désiré de jantes, 6 par exemple pour une roue de 1,20 m. Mais le charron, nous explique qu'entre la géométrie et la pratique, il y a toute la différence du savoir-faire, « Sur le mètre de la roue, pour faire le modèle de la jante, on prend toujours 2 mm plus grand par mètre. On trace le modèle de la jante plus grand pour faire une roue plus petite. Ce qui donne sur tous les joints un peu de pointu. Parce que le bois était moins fort sur les joints qu'entre les deux rais, on appelait ça avoir du raide ».



- Ce « pointu » ou angle ouvert vers l'extérieur de la roue sera rattrapé, ultérieurement au cerclage. On obtiendra, par compression un cercle parfait.

- Avec ce gabarit on procède alors au traçage des jantes sur un plateau de bois. Cette opération suit deux principes.

- On trace dans le fil du bois pour que les extrémités des jantes, courbes par construction, soient les moins faibles possible.

- On resserre les tracés pour éviter les pertes de bois et on se garde de tracer sur des nœuds.



- Ensuite, on découpe les jantes manuellement au « violon », scie à refendre ou mécaniquement à la scie à ruban. M. Roger Méténier a pratiqué, au cours de sa vie, les deux méthodes.

- La sellette, est un chantier en forme de trépied, dont la table ronde percée d'un trou, peut recevoir le moyeu de la roue en hérisson. On y boulonne cette roue en position horizontale à l'aide d'un tire-fond. Les pieds sont assez hauts pour permettre à l'artisan de travailler debout. Deux traçages sont alors effectués.

- Le rayon de la roue, calculé du centre du moyeu à l'intérieur de la jante est porté sur chaque rai à l'aide d'un compas. Ce tracé donnera l'épaulement du tenon ou « broche ».



- On trusquine le côté extérieur de la broche en faisant glisser la table du trusquin sur la plumette. Celle-ci, rappelons-le, est dans un plan horizontal. Les rais présentent une ouverture en parapluie renversé. La broche ainsi tracée sera donc perpendiculaire à l'axe du moyeu, ce qui est la condition de sa bonne insertion dans la couronne des jantes.



- L'arasement des broches se fait comme celui des pattes.

- Les jantes peuvent alors être posées sur les broches, leur côté intérieur contre l'épaulement du tenon. On trace l'emplacement précis des futures mortaises, côté intérieur et extérieur avec l'équerre et le crayon. Il est nécessaire de repérer par numérotage les rais et les jantes qui les relient.

- Le mortaisage des jantes est effectué à la tarière et au ciseau. Notons que la mortaise ne débouche pas au centre de la bande de roulement. La face extérieure des rais doit être en retrait par rapport à la jante.

- Il faut ensuite les goujonner. Un goujon est une cheville d'acacia qui relie les jantes les unes aux autres. On l'apointe aux deux extrémités afin qu'il puisse jouer dans les trous qui le reçoivent. S'il y avait résistance, on casserait les bouts de jante, mentonnets déjà très fragiles.

- On peut alors graduellement et simultanément assembler les jantes et les rais en faisant pénétrer les broches dans les mortaises, assemblage radial et en goujonnant les jantes contiguës, assemblage circulaire. Aucune jante ne doit avancer plus vite que les autres, sinon il y aurait rupture. La percussion des jantes se fait au maillet et à la chasse.

- Une opération finale est le cointage ou pose de coins dans la broche. Lorsqu'on manche un outil, le coin de bois dur ou de métal a pour effet de repousser le bois du manche contre la douille ou l’œil de l'outil. Le cointage des rais a le même usage. Des fentes en V ont été effectuées à la scie dans la broche avant jantage. Les coins sont enfoncés par percussion directe au maillet. Une chasse creuse permet d'enfoncer simultanément la jante dans le rai sans toucher le coin. Le béret du charron permet d'amortir le choc pour la main qui « reçoit » le coup.


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