Des métiers racontés par leurs ouvriers.
Le vannier de Collandres.
- Collandres-Soutro est un village accroché aux bords de la planèze qui descend du Suc de Rond. Il domine la vallée de la Véronne entre Riom-ès-Montagnes et le Puy-Mary.
- Dans les fonds, les prés de fauche offrent l'aspect cloisonné du bocage vert sur vert. Les bois de hêtre tapissent les flancs abrupts de la vallée. Sur les plateaux, ce sont les vastes espaces d'estive, ponctués par les burons. Voilà pour le décor estival, le seul qu'en général les touristes perçoivent. A l'exception, il est vrai, des fondeurs qui font de la randonnée nordique à Alberoche ou au Claux.
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Ce matin du 6 décembre 1964, si j'avais eu des skis de fond au pied, j'aurais certainement moins peiné pour accomplir les 6 kilomètres séparent Riom-ès-Montagnes de Collandres. Je suis arrivé la veille par le train à Riom, j’ai couché à l'hôtel. Mais dans la nuit, 15 centimètres de bonne neige fraîche sont tombés. C'est dimanche, chacun se terre chez soi. Aucun véhicule n'a encore circulé à cette heure précoce. Les pieds s'enfoncent profonment, rendant la marche pénible. Mais cet effort est largement récompensé par le paysage de carte postale. Le mois du blanc est en avance cette année. Pas un temps à mettre un marchand de toiles sur les routes,et pourtant ils sont légion dans ce canton. Il n'y a que ces fous d'ethnographes pour faire la trace !
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Noël Mège exploite une ferme d'une dizaine de vaches avec ses vieux parents. Nous l'avons connu l'été dernier au cours d'un séjour à Collandres. Pour occuper ses loisirs forcés d'hiver, il confectionne des paniers en noisetier. Comme d'autres font des râteaux à faner, des coudeyres, des manches de faux. L'artisanat du bois a toujours eu la faveur des paysans car c'est celui qui est le plus naturellement à leur portée. Même si on ne possède pas de bois, mais c'est rarement le cas, les taillis de noisetier appartiennent à tout le monde.
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Neuf heures, Noël Mège m'attend. Il a déjà préparé le cadre et l'anse du panier. Nous nous installons dans l'étable, dans le coin réservé aux veaux, actuellement libre. La lumière est chiche, que ce soit celle des fenestrous ou celle de l'ampoule électrique. Par contre, il règne une douce chaleur qui contraste agréablement avec la froidure du dehors, 11 vaches de race Salers entretiennent un chauffage central très efficace. C'est dans cet atelier de fortune que nous allons nous initier patiemment à la vannerie de noisetier.
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