Des métiers racontés par leurs ouvriers.
Le vannier de Collandres.
Paysan-vannier.
Lorsqu'il n'est pas dérangé, M. Mège confectionne un panier semblable en dix heures, un dimanche entier. Mais comme il faut panser les bêtes, ce travail est parfois étalé sur quelques jours.
- Selon le même principe, M. Mège fabrique des corbeilles à linge, des panières à ouvrage, des paniers à pêche. Il tient les principes élémentaires de cette vannerie de son père. Mais il s'agissait de paniers à usage utilitaire et assez grossiers. M. Mège, par goût, a perfectionné sa technique tout seul, créé des formes nouvelles... Ne dit-il pas, « Quand on fait quelque chose, il vaut mieux le faire comme cela doit se faire. Il n'en coûte pas plus cher ». Devise qui débouche sur la qualité et le plaisir du travail bien fait.
- C'est un artisanat original, créé pour les besoins de la campagne, transmis par la tradition, mais transformé par l'inspiration, disons plus modestement le goût de l'artisan.
- On ne peut mieux décrire l'émotion artistique ressentie à la vue de ces objets simples et usuels, « On eût certes abasourdi les cultivateurs bretons ou solognots de 1900 en leur prédisant que, moins de 50 ans plus tard, leurs écuelles, leurs objets courants seraient proposés, sous vitrine, à l'admiration des amateurs d'art... La création artistique chez leurs fournisseurs et chez eux-mêmes, s'opérait dans la plus radieuse inconscience. Elle n'en était pas moins sûre et naturelle, goût de l'ouvrage bien fait, utile, approprié à sa fonction dans le respect du matériau travaillé... ».
- Cette citation, découverte après coup, traduit bien le sentiment que j'ai éprouvé dans cette expérience. La production moderne, si elle a gardé l'aspect « fonctionnel » des choses, a parfois oublié la beauté et le respect du matériau.
- Fabrication artisanale et création artistique sont difficiles à dissocier dans un tel objet. Il y a la satisfaction de posséder un contenant utile. Mais aussi le plaisir de regarder la finesse des clisses, leur tissage régulier, de toucher le noisetier lisse et jaunissant, d'apprécier la cambrure élégante du fond. Les mots ont quel pouvoir face à cette multitude de sensations émanant d'un simple objet.
- Dans le soir qui incendie la neige, je reviens à Riom, grisé par toutes les impressions de cette journée. Et dans ces moments, seul le chant peut traduire une émotion intense.
- J'entonne alors, « A bal lo long de l'aiga, la un'prada a dailhar... » chant de faucheurs, tellement hors de saison... mais tellement à sa place dans cette vallée cantalienne. Les « tiro-lère, tiro-lère » se déroulent amplement dans ce paysage enneigé auquel je peux communiquer sans témoins importuns ma joie profonde.
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