Des métiers racontés par leurs ouvriers.
Le sellier-bourrelier d'Aurillac.
Les façons du métier, le collier de cheval.
Le bourrelier n'exécutait pas le collier tout entier. Il recevait de son grossiste des formes en basane bourrées de paille. Le grossiste de Brive s'approvisionnait lui-même auprès des « pieçards » ouvriers spécialisés dans la réalisation de ces formes. Henri Fouilloux nous raconte que ce métier était très pénible. La forme était tellement bourrée qu'elle était dure comme du bois au toucher. Comme ces ouvriers appuyaient leur bourroir sur le ventre, il n'était pas rare qu'ils aient des hernies.
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De ces formes, le bourrelier devait en avoir de toutes les tailles pour satisfaire sa clientèle, 45, 50, 55, 60, 65 centimètres. Les paysans amenaient leur cheval à la boutique et l'essayage de la forme se faisait dans la rue, à même la bête. Il fallait bien ajuster la forme au garrot et au bas de jambe. Ensuite, on bâtissait le collier sur cette forme ajustée.
Le travail peut se résumer ainsi.
- Poser les croix qui sont des lanières croisées, d'où leur nom formant charnière dans la partie supérieure de la forme. Sans ces renforts, le collier, qui travaille surtout dans cette partie, se couperait.
- Coudre le garrot en basane.
- Fendre la forme en bas, rappelons que le collier est ouvert à sa partie inférieure et coudre le bas de jambe, en basane également.
- Poser les pièces de billot qui sont des protections latérales en cuir, empêchant l'usure de la forme par les traits.
- Ajuster les attelles qui sont des pièces de bois courbes donnant la rigidité au collier sur sa face antérieure et permettant d'y fixer certains accessoires. Souvent, comme elles sont trop cintrées, il faut les déformer en les trempant dans l'eau, puis les planer extérieurement pour leur faire épouser la forme du collier.
- Clouer les attelles à la forme avec de longs clous.
- Poser les platines qui sont des ferrures vissées sur les attelles et permettant d'ouvrir plus ou moins le collier à la base.
- Coudre la toile bleue en coton d'abord sur l'arrière, rembourrer avec du crin animal, faire un rentré et coudre sur le devant. Cette couture s'exécute avec une aiguille courbe appelée carrelet comme les matelassiers. Ce rembourrage, appelé « les renfonçures » est très important car il permet au cheval de tirer sans se blesser.

- Découper, coudre et clouer le chapeau partie conique en cuir verni, qui protège le collier des intempéries. Les clous qui le maintiennent sur le devant sont à tête ronde et ont une fonction également décorative, comme en galocherie ou en tapisserie.
- Poser différents accessoires fonctionnels, comme les anneaux-piton, les anneaux de fausse-rêne, les queues de rêne, ou décoratifs comme le fleuron à tête de cheval apposé à la base du chapeau.
- Et vernir.

- Pour réaliser un collier de cheval adulte, il fallait une bonne journée, ce qui veut dire plus de huit heures en langage d'artisan. C'était un travail pénible car tous les assemblages, clouage, couture et les bourrages devaient être extrêmement solides. On sait ce que le paysan exige avant tout de l'objet artisanal, la durée. Et les Fouilloux étaient réputés dans tout le bassin d'Aurillac pour le sérieux de leur fabrication.
- C'était également un travail varié en ce qu'il imposait à l'artisan le travail du cuir, du crin de la toile, du bois et du fer.
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C'était enfin un travail de finesse, on a pu en juger par l'essayage du collier. Celui-ci était appelé à durer la vie du cheval, et ne devait pas le gêner dans son effort.
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En somme, réaliser un collier de cheval consacrait le bourrelier arrivé à la maturité de son art.
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