En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
- -
Le vannier, le hottier, le jouguier, le galochier, le sellier-bourrelier, les perleuses, le dinandier, le saigneur, les potiers de terre, les charrons.

Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Le sellier-bourrelier d'Aurillac.

Les façons du métier, l'exemple du licou.


Ce 30 août 1977, Henri Fouilloux fabrique devant nous un licou de poulain. Cet accessoire, qui permet de mener l'animal, est composé de deux anneaux de cuir, l'un petit la muserolle, l'autre plus grand qui entoure le cou, réunis par deux courroies latérales et une alliance. Le tout est assemblé par rivets, coutures et boucles. Regardons opérer l'artisan.

- Dans du cuir chromé de couleur bleu-gris. il trace au compas, parallèlement au bord de la pièce de cuir, un trait à la largeur d'une sangle 3 à 4cm. Le compas est donc utilisé comme un trusquin. Il découpe son cuir avec le couteau à pied, selon le tracé. L'outil est maintenu debout d'une main, c'est un angle du croissant qui travaille pendant que le cuir est tiré de l'autre main. On aura donc compris que l'outil est immobile, c'est le matériau qui se déplace.


Decoupe du cuir avec le couteau à pied.

- Le sellier redresse ensuite son morceau de cuir. Le bord des peaux d'animaux est plus ou moins courbe et la découpe se fait parallèlement à cette courbe. Une extrémité de la lanière obtenue est fortement coincée par un pied, les deux mains étirent le cuir. Celui-ci est suffisamment souple pour revenir partiellement rectiligne.

- Avec l'abat-carre, les quatre angles de la lanière sont adoucis. Puis, à un demi centimètre de chaque bord, H. Fouilloux réalise un tracé décoratif à la rainette.

- Les cinq lanières de cuir qui composent le licou du poulain sont ainsi traitées, après avoir été coupées à la bonne longueur. Certaines extrémités des lanières étant destinées à recevoir des boucles pour la muserolle et le col, on les amincit au couteau mécanique. Ces bouts amincis sont ensuite repliés, on y introduit la boucle d'acier dont l'ardillon passe dans une enchapure. Cette dernière est une mortaise ovale, réalisée avec un emporte- pièce spécial. Le cuir est replié exactement au milieu de ce trou.


Chanfreinage des angles de la courroie avec l'abat-carre.

- Un bout de cuir destiné à faire passant est glissé dans cette boucle. On rive et on coud. Cette dernière opération mérite une description particulière.

La couture du sellier diffère en de nombreux points de celle de la lingère ou de la couturière.

- Le fil est du chanvre, d'un diamètre adapté à l'objet. Il est poissé, c'est-à-dire enduit d'une matière composée de résine et de suif. Henri Fouilloux opère comme suit, il chauffe sa résine au bain-marie, y rajoute le suif, et malaxe le tout comme faisait jadis le marchand de guimauve. De noire elle devient jaune. Le tirage s'effectue sous l'eau car la poix est bouillante. A la fin de l'opération, il devient impossible de l'étirer. Pour poisser le fil, l'artisan prend trois brins de 6 par exemple, les roule ensemble sur le genou afin de n'en faire qu'un seul, il enduit de poix le fil obtenu et passe la lissette pour le rendre régulier, il s'agit d'un simple chiffon qui garde l'excès de matière.

- Les aiguilles du sellier sont à bout rond. Elles n'ont pas pour effet de piquer et de transpercer le cuir, c'est le rôle de l'alène, sorte de poinçon qui effectue le trou. Elles ont pour objet de faire passer le fil dans ce trou. Elles possèdent en outre un chas suffisamment large pour le passage du ligneul, fil poissé.

- La couture est double, c'est-à-dire que le fil passe deux fois dans le même trou on obtient la même suite de points continus de chaque côté de l'ouvrage.

Voici donc les principes. Venons maintenant à la façon de procéder.

- L'artisan amincit son fil à une extrémité. et pique trois fois son aiguille dans l'épaisseur du fil. Le bout aminci est enfilé dans le chas. Les entrelacs enfilés sur l'aiguille sons entassés sur le chas et verrouillent le bout à la façon d'un nœud, le fil est cousu à l'aiguille.

- On opère de même pour l'autre extrémité du fil. Celui-ci est donc enfilé sur deux aiguilles.

- Henri Fouilloux coince sa lanière dans la pince à coudre. Celle-ci est une sorte d'étau mobile comprenant une béquille qui s'appuie à terre obliquement, un mors fixe, solidaire de la béquille, un mors mobile. Le serrage est en fait réalisé par les genoux du sellier. L'angle que fait la pince avec le sol est d'environ 60 degré. Le tout est réalisé en bois pour ne pas abîmer les outils. L'alène, à force de labourer la même mâchoire de la pince, la rend au bout d'un certain temps totalement inutilisable.



- Courbé sur sa pince, Henri Fouilloux perce les deux ou trois épaisseurs de cuir avec son alène, enfile son fil dans ce premier trou, en perce un second dans lequel il enfile cette fois-ci ses deux aiguilles, une par-dessus, et une par-dessous. Il tire d'un coup sec et vigoureux sur chaque brin du fil pour serrer la couture. Et il continue ainsi, perçant et cousant.

- Pour terminer une couture, on ne fait pas de nœud d'arrêt, on perd simplement les deux extrémités.


Couture d'un élément de harnais evec la pince à coudre.


Page précédente

Les partenaires : Les Métiers de nos Ancêtres - Métiers anciens - Liste des anciens métiers -


Copyright © en-noir-et-blanc.com - Des métiers racontés - Le vannier, le hottier, le jouguier, le galochier, le sellier-bourrelier, les perleuses, le dinandier, le saigneur, les potiers de terre, les charrons. Contact
- -