Des métiers racontés par leurs ouvriers.

Le sellier-bourrelier d'Aurillac.

La clientèle.

Les jours de marché le mercredi et le samedi, il y avait foule à Aurillac... et les clients se pressaient à la boutique.
Les frères Fouilloux n'étaient pas trop de trois pour faire face à la demande. Pour les petites réparations comme recoudre un harnais, les paysans laissaient l'objet le matin et le reprenaient dans la journée. Pour des travaux plus importants, réfection des renfonçures du collier du cheval, ils devaient déposer l'article pour une durée plus longue et le reprendre à une date ultérieure.

- Mais cela pressait tout le temps, De la même façon que les mères d'écolier pensent seulement à faire recoudre les cartables en septembre... les paysans amenaient les colliers et les harnachements au dernier moment. C'est-à-dire au printemps, juste avant les premiers travaux agricoles.

- Ces périodes d'urgence beaucoup de métiers la connaissaient jadis ou la connaissent encore, l'artisan doit s'y plier faute de pouvoir changer les habitudes de sa clientèle. Ce qui signifie pour lui des périodes de pointe et des périodes de travail moins intense. Mais pas de morte-saison.
En effet, pour les foires mensuelles et surtout les deux grandes foires annuelles, Saint-Urbain le 25 mai et Saint- Martin le 11 novembre, il fallait pouvoir vendre. On préparait donc des licous, des sangles à différents usages, des méjeannes. Les armes étaient confectionnés par les ouvriers des tanneries, qui ainsi, se faisaient un petit complément mais étaient vendus dans les selleries-bourreleries. On vendait également, des cordes de chanvre pour faire des lonees, des fouets au manche torsadé en micocoulier, en provenance des Pyrénées Orientales, des lacets de cuir, etc...

- Ces jours-là, on venait de très loin faire ses achats chez les Fouilloux, de Vic-sur-Cère, Raulhac, Mur-de-Barrez, Saint-Paul-des-Landes, Laroquebrou, Jussac, Saint-Cernist, Mandailles...  C'est-à-dire du bassin d'Aurillac, mais aussi de la Châtaigneraie au Sud et des vallées cantaliennes au Nord.
A l'énoncé de ces localités et à leur report éventuel sur une carte on saisit mieux le rayonnement d'une ville comme Aurillac et le rôle des foires comme lieu d'échanges de denrées et de services. On comprend également qu'un artisanat à vocation rurale, initialement ait une implantation urbaine. Foires et marchés, drainant une importante foule de paysans, justifiaient la présence des nombreux selliers-bourrelliers d'Aurillac.