Des métiers racontés par leurs ouvriers.
Le saigneur de Moissat-Bas.
Les préliminaires à la tuée.
Le saigneur est un homme très occupé, de novembre à février il doit tuer plusieurs dizaines de cochons. Il est donc nécessaire que ses clients conviennent avec lui du jour de la tuée.
- Pour tuer la bête, il faut attacher celle-ci, la maintenir sur le flanc afin qu'elle ne se débatte pas trop. Dans le temps, il était de coutume de saigner le cochon sur des bacholles. Nous sommes dans un pays viticole, deux bacholles renversées constituent un plan de travail idéal. Mais il faut de la main-d'œuvre, quatre hommes en général, chacun essayant de maintenir une patte immobilisée. Le gros avantage est pour l'écoulement du sang qui se fait de façon continue dans une terrine placée sur le sol.

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Maintenant, il n'y a plus grand monde dans les campagnes. Le tueur est obligé alors de trouver des expédients. Il affale la bête par terre, sur de la paille afin que la bête reste sèche pour le brûlement ultérieur. Les endroits pour tuer le cochon sont aussi variés qu'il est possible, Chez lui Roland Jaffeux, c'est toujours dans la grange, sur les bacholles, qu'on les tue. Chez Gouttefangeas, aux Courtioux, c'est dans la cour, après le poteau du téléphone. Chez d'autres, on les attache à une treille, un gond de la porte, une boucle est scellée exprès à côté de l'écurie à cochon.
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L'essentiel, pour Félix, est d'avoir un point d'attache solide pour sa corde. Il cite encore une barre à mine fichée dans le sol, 1’essieu d'un tracteur, le rayon d'une roue de tombereau, un pilier de grange, un poteau électrique.
Voici comment on opère :
- La patte arrière droite est attachée à l'aide de la corde, au point d'ancrage prévu.
- La patte avant droite est entravée, la corde est passée sous la bête à l'assistant du tueur.
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A un signal, celui-ci tire sur la corde pendant que Félix tire sur la queue, le cochon s'affale net.
- La corde enserre la patte arrière gauche qui est alors dans le vide.
- La quatrième patte est maintenue par Félix pendant la saignée. Et pour terminer, « Je lui coince bien le menton au talon. Je lui tire la tête en arrière, autant que je peux. Je le pique ».
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Lorsque nous avons assisté à la tuée chez Jaffeux, il y avait quatre hommes dont le tueur et une femme pour recueillir le sang.
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