Des métiers racontés par leurs ouvriers.
Le saigneur de Moissat-Bas.
Le brûlement du cochon.
Dans le temps, le tueur opérait l'enlèvement des crins du porc à l'aide d'un crochet. L'ancienne race Craonnaise dont il sera reparlé plus loin avait de grosses touffes de soies. Leur éclaircissement hâtait l'étape du brûlement, il y avait moins de poils à brûler et fournissait un rapport excellent en nature au tueur. Aujourd'hui, l'emploi des soies naturelles dans la brosserie est tombé en désuétude, les soies sont donc brûlées.
- Le cadavre est descendu du bayard et installé sur un lit de paille. Une meule de paille est édifiée sur lui, à la fourche, et on y met le feu. Autrefois, on utilisait la paille de seigle, longue et battue au fléau. Aujourd'hui, Félix n'a souvent à sa disposition que de la paille bottelée, brisée et brûlant mal. Chez Jaffeux, on sauvegarde les traditions. Félix et Roland, armés de torches de paille longue achèvent le brûlement des soies non consumées dans le brasier. On encendre le corps du cochon afin de le sécher. On râcle alors soigneusement la peau à l'aide de vieilles pointes de faux bien affûtées. Pour ce faire il faut, bien entendu, retourner la bête sur chaque flanc.

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Il ne reste plus alors qu'à enlever les onglons des pieds tant que la chair est tiède. Félix les arrache avec son crochet à soies. Il nous dit que dans le temps, les enfants qui assistaient à la scène aimaient à sucer l'intérieur des onglons. Aujourd'hui, seuls quelques chiens rôdeurs se chargent du nettoyage.
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C'est ce moment-là, l'arrachage des onglons, que le saigneur choisissait pour jouer quelques malices à sa façon, « Quand on était jeunes, le tueur nous disait, « Tu n'as pas un couteau, prête-le moi pour finir les pieds, le mien est trop grand ». Si on avait le malheur de lui donner notre petit couteau de poche, il levait la queue du cochon et allez dans le cul du cochon le couteau... On ne le lui reprêtait pas une deuxième fois... ».
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Aujourd'hui Félix n'a pas toujours des gamins autour de lui, la marmaille a déserté les campagnes, mais cela lui arrive, de temps à autre, de faire quelque farce innocente. Il demande à un garçon d'aller quérir la lime à ongles de sa mère, pour « faire les onglons du cochon ! ».

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