En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Le saigneur de Moissat-Bas.

L'art de saigner.


Le tueur doit avoir beaucoup de doigté, sinon on assassine le cochon, selon l'expression de Félix, « Pour les saigner, on croirait qu'il suffit d'enfoncer un couteau dans le cou... C'est pas tout à fait ça... Il faut savoir où les artères se trouvent. Et il faut piquer selon la disposition du cochon. Si le cochon est incliné sur le ventre, il faut piquer de façon un peu différente... Et puis, il faut toujours atterrir au même endroit quand même. Il ne faut pas aller couper les artères à l'intérieur, sinon le cochon est «coffré ».

C'est-à-dire?

- Si on passe entre les deux premières côtes, et qu'on coupe à l'arrière, dans la poitrine même du cochon, si on va trop près du coeur, le sang fait hémorragie interne. Alors le cochon s'étouffe et le sang reste à l'intérieur ».

- Il faut éviter également de sectionner la trachée-artère qui est tout près de la carotide sinon l'air du poumon, se mélangeant au sang, sulfate l'aide qui recueille le sang.

- On aura donc compris que tuer un cochon n'est pas affaire de novice. Cet accident arrive cependant deux ou trois fois par an à Félix lorsque la bête s'énerve, se débat follement. A un centimètre près, le piquage peut être raté.

- L'écoulement du sang se fait par le trou béant, « Je maintiens la bête bridée, comme je l'ai piquée, pour que le trou reste ouvert et le sang s'évacue jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Ça s'arrête de couler tout doucement, la bête meurt. Des fois, il donne une secousse supplémentaire, mais c'est tout. Ou alors il essaie de se rétracter, de garder le sang pour pouvoir vivre un peu plus longtemps... c'est bien naturel. En y appuyant sur le cœur, en y faisant une petite pression derrière les côtes... ou alors le type qui tient devant donne un coup de coude. Alors, il est obligé d'évacuer. Ça lui force le cœur à donner le dernier verre ».

- L'agonie du cochon dure cinq interminables minutes, pendant lesquelles la bête hurle. Il se calme. Puis, dans un dernier spasme, il se crispe, le nez s'aplatit, « Il se rechigne, il fait une grimace, et c'est fini. Après des fois, avec la patte, il bouge. C'est les nerfs. C'est rien. La bête se laisse aller ».

- Pendant tout ce temps, la femme de Félix récupère le sang dans une jatte, tout en le brassant constamment afin qu'il ne coagule point. La tuée sur les bacholles permet de recueillir le précieux liquide en une seule fois dans la terrine. Quand on tue à terre, le sang est recueilli dans une poêle. Chaque fois que celle-ci est pleine, Félix bouche le trou avec trois doigts, la poêle est vidée prestement et on poursuit l'opération jusqu'à la dernière goutte.

- La bête est alors chargée sur le bayard et le cortège funèbre se dirige vers le lieu du dépeçage. Chez les Jaffeux, celui-ci s'effectue devant la cave, à cent mètres de la grange.


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