En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Le jouguier de la Croix Saint-Martin.

Le travail du joug.


A partir de l'ébauche qu'il a ramenée de la menuiserie, Johannès va se rapprocher de la forme définitive en enlevant de la matière aux endroits nécessaires. Il tourne son morceau de bois successivement sur les quatre faces en mettant dessus celle qu'il a à travailler. Il coince l'ébauche à l'aide de trois chevilles qui sont vigoureusement enfoncées au marteau dans les trous du banc. A la scie à bûches sont réalisées les fentes verticales qui permettront d'enlever les copeaux à la fin du trajet de l'herminette. Ensuite, Johannès chevauche son banc et s'assied dessus, prend l'herminette à deux mains et assène des coups vigoureux du tranchant sur les parties à enlever. Chaque coup est scandé par un « han » énergique.

- Cet outil, d'utilisation universelle dans tous les métiers du bois, mérite qu'on s'y attarde quelque peu. A. Leroi-Gourhan nous en rappelle l'importance, « C'est un des objets capitaux de l'histoire technique, il n'est presque aucun peuple qui ne l'ait possédée et nous la conservons nous-mêmes dans quelques spécialités comme le façonnage des traverses de chemins de fer. En un certain état général de la technique c'est l'outil qui permet de travailler le bois, c'est-à-dire le premier de tous les outils ».

- L'outil qu'utilise Johannès est :

- Doté d'une lame courbe, il est à noter que cette courbure correspond exactement à celle de certains évidements du joug.

- Terminé à une extrémité par un tranchant en biseau, très effilé et dont le morfil est rabattu vers l'avant en suivant la courbure.

- Pourvu d'une douille ouverte, soudée perpendiculairement au métal dans laquelle pénètre un manche très court.

- Terminé à l'autre extrémité par un étranglement qui individualise un talon. Ce talon peut être utilisé comme marteau pour enfoncer les chevilles. L'écrasement du métal à cet endroit en atteste l'emploi.

- L'herminette emmanchée est lourde, c'est un instrument puissant qui est classé dans les percussions lancées obliques.

- Si l'outil aborde la matière sous un angle aigu, le résultat sera bien différent, c'est une perte de substance et non un éclatement qui naît de la percussion oblique, attaque fondamentale de toute sculpture ou ciselure. Lancée, elle a pour meilleure illustration l'herminette ou la cognée, c'est la percussion propre au dégrossissage du bois.

- Les copeaux de hêtre volent autour du jouguier. Bien que le bois soit vert, comme pour le sabot, donc humide et tendre, cet exercice est pénible. La puissance du coup a en effet pour contrepartie la lourdeur de l'outil qui est soulevé à deux mains à cinquante centimètres du bois.

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Toutes les parties courbes du joug sont ainsi
dégrossies :

- Les deux têtières, arceaux pour l'assujettissement des bêtes.

- Le décolletage avant et arrière, celui-ci très important, des têtières.

- Ce chanfreinage est rendu nécessaire par la conformation du col des animaux.

- L'évidement des cornillons de dessus et de devant.

- L'arrondi des manillons d'extrémité.

- Le dégagement de l'arrêt de julhe, sommet des têtières.

- La courbure en bâtière du « corps », nom donné au pontet qui relie les deux têtières.

- Le cintre longitudinal du corps, opposé au sens de la traction, ce qui donne une plus grande solidité au joug.

- Pour la compréhension de cette terminologie et la forme du joug, nous renvoyons aux dessins ci-dessus.

- Parfois, Johannès quitte l'herminette pour prendre le ciseau et le marteau. Entre deux traits de scie, il a tôt fait de dégager, par gros éclats, le bois en surplus. L'herminette n'a plus qu'à terminer en douceur ce que le ciseau a dégrossi.

-Puis, à l'avant, sont réalisés les 4 évidements qui permettent le passage des cornes. Rappelons en effet que l'encolure de la bête et ses cornes servent à la traction. Elles sont donc comme imprimées en creux dans le joug. L'encornement des bêtes est différent selon les races et l'art du jouguier consiste à savoir ménager exactement leur passage. Celui-ci est réalisé par deux traits de scie perpendiculaires et à l'aide de la gouge qui « tombe » le morceau et arrondit le fond de l'angle.

- Notons également cette subtilité, le passage de la corne extérieure a un cm de moins en profondeur que celui de la corne intérieure. Ceci pour que la bête, en tirant, regarde légèrement vers l'intérieur.


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