Des métiers racontés par leurs ouvriers.

Le jouguier de la Croix Saint-Martin.

De la matière première.

Du fait de son métier principal, Johannès est un parfait connaisseur du bois. Il est à même de choisir, sur pied ou à la scierie, la bille qui fera son affaire. Il utilise de préférence le hêtre. C'est moins cassant, c'est plus solide. Les beaux jougs se faisaient en noyer jadis, aujourd'hui ce serait du luxe au prix de cette essence. On peut également les fabriquer en bouleau, mais il n'en pousse pratiquement pas dans cette région des Bois Noirs. Quelques clients amènent à Johannès du frêne, mais c'est un bois noueux, donc difficile à travailler.

- La coupe se fait en septembre-octobre pour une utilisation hivernale. C'est en effet en janvier et février, alors que la neige empêche toute activité de débardage, que Johannès devient jouguier. La règle est que le bois, une fois coupé, ne doit pas passer le mois d'août sinon il devient chokoué, terme intraduisible mais qui tend à dire que le bois se pourrit. Mais si l'on doit différer l'usage de ce bois coupé, on peut très bien le conserver. On l'immerge entièrement dans un étang pour une période d'une ou plusieurs années. Il devient alors du bois nézé, facile à travailler car humide, sain à condition d'être utilisé immédiatement.

- Dans l'ébauche du joug, nous avons vu que la bille de hêtre était débitée en quatre quartiers. Une opération qui n'a pas été mentionnée mais très importante, consiste en l'enlèvement du cœur de l'arbre. Au séchage de cette partie du bois fend ou éclate. Il en est de même en tonnellerie où le fendeur de merrain élimine cette partie qui travaille.