Des métiers racontés par leurs ouvriers.
Le hottier de Queillette, un ouvrier de la fibre végétale.
Par la connaissance qu'il a du bois, de la paille et des différentes tiges flexibles que l'on peut travailler, Lucien Barse n'est pas un vannier ordinaire et nous dirons qu'il est un véritable « ouvrier de la fibre végétale ». Sa connaissance pour empirique qu'elle soit, c'est-à-dire venant de la retransmission paternelle et de l'expérience personnelle, n'en embrasse pas moins une vaste champ.
- Botanique : nom des espèces, époque de cueillette.
- Technologique : façon de travailler chaque fibre, utilisation pour une fabrication déterminée.
-
Le tableau que nous incluons dans cette étude nous dispensera de longs commentaires. Il résume à lui-seul le savoir de plusieurs générations que l'enquête aura permis de préserver.
Les matériaux utilisés.
- Il y a les matériaux proprement ligneux utilisés dans une structure rigide. C'est le cas des manches d'outils et des ossatures de vanneries, noisetier, sureau,
bouleau, frêne.
-
Dans certains cas, la structure finale est rigide, mais le matériau doit être susceptible de déformation pour y parvenir, et d'élasticité dans l'effort.
-
Dans d'autres cas, la matière ligneuse est éclissée et devient par là même souple, la ronce, le noisetier, l'osier.
-
Il y a enfin la matière herbacée, seigle surtout, jonc parfois.
Les fabrications.
Lucien Barse fabrique une gamme étendue d'objets :

Cintrage du bort supérieur de la hotte.
- Balais de bouleau. Cette production n'est plus qu'accessoire, quelques douzaines. Jadis la municipalité de Riom lui en achetait de très grosses quantités, les balayeuses automobiles ont supprimé ce débouché.
- Les fléaux ne sont fabriqués qu'à la demande car leur utilisation est devenue rare.
- Les manches de faux et d'outils, les échelles, les pieux de clôture sont également en
recul.
- Les chaises paillées en seigle et les bonbonnes gainées en osier sont des articles accidentels.
- Les râteaux à faner se vendent bien, malgré les modèles récents à dents de plastique ! Les modèle de Lucien Barse est à fourche naturel et à râtelier cintré.

-
les hottes de différentes tailles sont destinées aux pays de vignoble, bassin de Châtel-Guyon, coteaux de Volvic.

-
Les corbeilles de paille et de ronce sont trés prisées de la part des particuliers ou des restaurateurs, aspect décoratif et utilitaire.
- Les paniers de noisetier et d'osier sont surtout destinés à un usage courant, ramassage des pommes de terre, portage de marchandises du marché.
Quelques « mercuriales » de Lucien Barse.
Les prix indiqués ci-après sont ceux de 1975. Sauf pour les corbeilles en paille de seigle, la matière première n'entre pas en ligne compte dans la fixation du prix car elle est empruntée à la nature. En réalité, ce prix est assez arbitraire puisqu'il ne tient pas compte, non plus, du temps passé. D'ailleurs, pourrait-on le calculer?
- Le temps passé à la confection, oui. Mais consacré à la cueillette, au séchage et au stokage, à la préparation, est difficile à évaluer car c'est du travail de série. Enfin, même si quantifiait tout ceci, il y a des données psychologiques dans ce prix qui échappent à toute logique.
- Le vannier « meuble son temps mort » et considère son activité à la fois comme un loisir et comme une source de revenus.
- Lucien Barse vieillit et n'a pas la même avance que jadis, c'est lui-même qui le dit. Il ne pourrait décemment pas faire payer à sa clientèle le temps réel qu'il y passe.
Voici donc quelques prix pour les objets les vendus :
- Une grande hotte : 120 F, une petite : 30 F.
- Un râteau à faner : 16 F.
- La douzaine de balais : 24 F.
- La botte de seigle : 15 F.
- Un panier en osier : 30 F.
- Un panier en noisetier : 25 F.
- Une corbeille en paille : 90 F.
- Les quantités fabriquées en une campagne moyenne sont les suivantes, 41 hottes de diverses tailles, 19 paniers de noisetier, 8 paniers d'osier, une trentaine de paillasses.
|