En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Le vannier, le hottier, le jouguier, le galochier, le sellier-bourrelier, les perleuses, le dinandier, le saigneur, les potiers de terre, les charrons.

Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Le galochier de Langeac.

Le destin de la galoche.


Le grand centre de fabrication de tout le Massif Central fut toujours Aurillac. Les Pulvéric, pourtant excellents artisans, nous rappellent cette renommée, « Certains clients, qui avaient l'habitude d'aller à Aurillac nous disent, mais ce n'est pas la galoche d'Aurillac. Parce que nous, on ne met pas de papier à l'intérieur, on ne met pas de marque. Alors à Aurillac, on met toujours la marque, vous voyez, « Galoche d'Aurillac ». Les gens s'imaginent que quand il y a un papier dedans, elles vont mieux! ».

- Ainsi les célébrités ont la vie dure. Sur quels éléments était fondée la prospérité de la galoche aurillacoise.

- Sur la présence des matériaux indispensables,  bois abondants dans les forêts cantaliennes, tanneries fournissant le cuir.

- Sur l'existence d'une main d’œuvre habile, masculine surtout et d'industriels entreprenants.

- Sur l'activité commerçante de la ville, zone de contact entre plusieurs régions d'économie complémentaire. Foires et marchés voyaient un grand déploiement de foule.

- Grâce à ces circonstances favorables, Aurillac devint un centre manufacturier de première importance. A. Durand cite le chiffre de 200.000 paires de galoches fabriquées par an, vers 1930. Mais là comme ailleurs, cette industrie périclite. Vers 1970, le dernier galochier d'Aurillac, Berthoumieu, à cessé toute activité.

- En Haute-Loire, un centre important confection de galoches existait au Puy, Léon Pulvéric cite de mémoire les fabricants suivants, Chamat, Gilbert et Garnier, Jore, Les Artisans Réunis, Forestier et Tessier Jusqu'en 1950, la concurrence fut rude notre informateur nous dit que les prix étai serrés au plus juste. « Si les impôts avaient été aussi élevés que maintenant, nous n'aurions pas pu tenir », nous dit-il en substance.

- Cette époque florissante, à Aurillac ou au Puy, date seulement d'hier, un quart de siècle tout au plus. Mais les bouleversements ont été tels durant cette période qu'on a peine à trouver un galochier encore en activité. Léon Pulvéric a d'ailleurs 70 ans passés. Ce n'est plus l’âge des reconversions.

- Ainsi, à propos de la mode récente, des galoches sans talons pour hommes et pour femmes nous lui demandons s'il y a eu quelque regain de ventes. La réponse st affirmative, mais les Pulvéric ont choisi la voie de la sagesse en restant dans leur fabrication classique,  « C'est qu'une folie, un petit vent qui passe... Oh! on nous a sollicités pour en fabriquer. Mais non, ça ne valait pas les million qu'il fallait mettre de nouveau pour le faire peut-être... ». La phrase reste en suspens. Mais on en en comprend bien le sens. L'artisan en milieu rural et de plus âgé n'est pas armé pour pouvoir se plier aux caprices de la mode. Il en est de même d'ailleurs, pour les industriels qui ont des contraintes de matériel, de personnel, de capital, etc... inconciliables avec la fugacité des besoins créés artificiellement.

- Aussi, ne nous méprenons pas sur ce sursaut tardif et passager de la galoche. Il semble que la période faste de cette forme de chaussure soit bien dépassée.

- Quant à Pulvéric, il s'achemine doucettement vers la retraite. La plupart de ses pratiques ont dépassé largement la cinquantaine. Ils se connaissent depuis longtemps. Le « meilleur sabotier de Saugues » est devenu le « meilleur galochier, de Langeac »... puisqu'il est le seul. Mais sa renommée comme son habileté d'ailleurs est intacte.

- Le coup d’œil qui marque la maîtrise totale d'un métier par un artisan, se caractérise chez le galochier, par son aptitude instantanée à saisir la forme du pied de son client, « Quand on travaillait sur commande, on regardait chaque pied. S'il avait le pied cambré, on le creusait mieux ».



- Mais Léon Pulvéric est mieux qu'un bon chausseur.

- Il a en effet, pour client des dames ou des messieurs âgés, affligés de rhumatismes déformants. Il leur fabrique des galoches sur mesure, en clouant sur la forme en bois, des bosses en cuir représentant fidèlement les déformations du pied. Une vieille femme habitant la ferme du Luchadoux, près de Saugues, possède ainsi, chez le galochier, une forme qui lui est réservée. Elle a son chausseur, comme d'autres ont leur médecin ou leur dentiste. « Elle peut que marcher avec ces galoches-là. Elle peut pas se chausser ailleurs. Ses chaussures sont des chaussures orthopédiques ». Sous l'éternel béret, l’œil du galochier pétille de malice. Il pense, peut-être, pourquoi mes galoches ne seraient-elles pas remboursées par la Sécurité sociale.


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