En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Le vannier, le hottier, le jouguier, le galochier, le sellier-bourrelier, les perleuses, le dinandier, le saigneur, les potiers de terre, les charrons.

Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Le galochier de Langeac.

L'évolution de la chaussure paysanne.


Aux temps passés, le paysan au travail n'avait pas souvent à accélérer ses mouvements, il pouvait porter les lourds et chauds sabots de bois, en pin dans le Velay, en bouleau ou en vergne dans les montagnes, en noyer parfois dans les Limagnes.
Avant l'époque du sabot à bride de cuir sur le cou de pied, apparu seulement dans les campagnes vers la fin de la IIIe République, le sabot couvert, tout en bois, régnait. Entre le talon et le dessus, le trou foré était juste assez grand pour permettre au pied d'entrer. Le sabot couvert était plus lourd que son successeur, le sabot découvert ou à bride de cuir surtout, il provoquait des cals parfois douloureux, des « boussorles » sur le cou de pied. Mais il n'avait demandé que du bois, qu'on n'achetait pas, et de la peine.

- A travers cette citation, on saisit bien pourquoi le sabot a toujours été la chaussure universelle des campagnes :

- Il utilise un matériau omniprésent et bon marché.

- Sa mise en forme requiert une certaine compétence, mais chaque village avait son sabotier.

- Sa rigidité est indispensable pour certains travaux de la terre. Ainsi la semelle sert à enfoncer la bêche et le dessus permet à la bêche de faire levier pour retourner la motte, souvent une plaque de fer renforce ces deux endroits. En pays viticole existent même des outils fixés au sabot, ainsi en est-il du sabot à échalasser les vignes.

- Enfin c'est une chaussure réputée chaude et confortable pour l'hiver.

Il convient de remarquer, avec Lucien Gachon, les défauts du sabot :

- Il est lourd, du moins lorsqu'il est fabriqué avec certaines essences de bois.

- Il fend facilement, d'où un ficelage souvent pratiqué avec du fil de fer.

- Il ramasse des paquets de neige en hiver sous la semelle. Et les petits pieds d'écoliers de jadis devaient, tous les quatre pas, cogner leurs sabots l'un contre l'autre afin de les déneiger.

- Il provoque des blessures sur le cou du pied.

L'apparition de la bride en cuir, large pour les hommes, fine et décorée pour les femmes, marque au XIXe siècle, une évolution. Le sabot garni fait moins mal, il est plus élégant. Faut-il voir dans cette apparition d'un nouveau matériau, le cuir, le tournant technologique qui va mener à la galoche. Nous ne disposons d'aucune information à ce sujet, mais l'hypothèse est plausible.

La galoche représente une sensible amélioration en combinant la solidité du bois et la souplesse du cuir.

- Elle est légère.

- Elle ne blesse pas le cou du pied.

- Elle est imperméable à cause du vernissage de l'empeigne, qualité qui fait défaut à la botte de cuir.

- Elle est élégante par son vernis brillant noir, ses clous à tête ronde, son décor à la molette.

- Toutes ses qualités lui ont fait trouver une place particulière, dans la vie des paysans. Elle n'est pas la chaussure des champs, mais celle de la maison et de la ville. On peut vaquer à la ferme, se rendre au marché ou à la messe, etc... en galoches. Et comme elle est moins chère et de plus longue durée que la chaussure de cuir, on en chausse les enfants pour aller à l'école. Voilà du moins, quel était l'emploi de la galoche jusque vers le milieu du -XXe siècle.

Dans beaucoup de domaines, les années 1950 marquent un tournant. Léon Pulvéric et son épouse analysent très bien les causes du déclin du métier.

a) Un matériau, le caoutchouc porte une part de cette responsabilité avec les bottes et les galoches moulées d'une seule pièce. Le caoutchouc présente l'avantage de la légèreté, de l'étanchéité absolue et de la souplesse. Il a également ses défauts comme l'incapacité du pied à respirer.

- L'exode rural, en désertifiant les campagnes, a eu des conséquences dramatiques pour le galochier. Léon Pulvéric le reconnaît lorsqu'il nous dit, « C'était les vieux qui en portaient le mieux. Les vieux ils sont à l'hôpital ou au cimetière. Vous comprenez, on perd notre clientèle ».

- Mais c'est la motorisation qui a eu, aux dires de notre informateur, le plus d'incidences, « Ils marchent en tracteur maintenant ou en voiture. Ils ont des épandeurs de fumier, ils n'écartent plus le fumier à la fourche, vous comprenez. Ils labourent un champ, ils ne mettent pas le pied à terre. Avec les moissonneuses-batteuses, ils ne font rien, c'est l'entrepreneur qui moissonne et qui bat.

- Ils prennent une paire de sabots pour aller à l'écurie, dans les granges, dans les cours, mais ils n'en usent pas.

Les gens des campagnes ne marchent plus, ils n'usent donc plus de sabots ou de galoches. Cette raison d'évidence, cette lapalissade pourrait-on presque dire, qui l'eût pressenti sans l'analyse de notre lucide artisan.

Il y a, à vrai dire, d'autres raisons à l'éviction du sabot par le machinisme agricole.

- La semelle de bois ne permet pas une sensibilité suffisante de la plante du pied qui agit sur les pédales.

- Le sabot est souvent trop large pour passer entre les dites pédales.


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