En noir et blanc, des métiers racontés par leurs ouvriers.
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Photos d'autrefois en noir et blanc


Des métiers racontés par leurs ouvriers.


Le dinandier d'Aurillac.

L'art du fontainier.


Dans une fontaine d'Auvergne, on retrouve tout le métier. Il y a l'ouverture, il y a la rétreinte, il y a des parties plates, des parties arrondies, il y a les moulures. Il y a du sertissage, il y a l'étamage. Il y a le planage, le sous-planage, tout... on trouve tout le métier dans la fontaine... et il faut qu'elle ait une ligne agréable à l’œil.

- Si Robert Bastien parle avec passion de cet objet, c'est qu'il le considère avec justesse comme le sommet du métier. Quand le batteur sait exécuter la fontaine d'Auvergne, le travail du cuivre n'a plus guère de secrets pour lui. Mais il faut une longue patience.

R. Bastien a d'abord pratiqué cette vertu à ses dépens, « Quand je le regardais faire des fontaines, il (son beau-père) me disait, « Vous tracassez pas, les fontaines, vous ferez ça dans dix ans ! » Quand il est mort, j'avais donc une dizaine d'années de métier, j'en avais jamais fait de fontaines. Je crois qu'il en était un peu jaloux de ses fontaines ».

Aujourd'hui, il enseigne la patience à son fils Jean-Paul qui voudrait bien s'y mettre, on le comprend, L'art du fontainier, outre qu'il nécessite la réunion en une seule personne de tous les savoir-faire, réside dans le coup d'œil, « Je disais une fois à mon fils, sur une fontaine, on passe presque autant de temps à la regarder qu'à la faire. Parce qu'un coup de marteau dans un sens, ça la fait tordre dans l'autre ».

- Il faut 120 heures pour réaliser une belle fontaine, soit 3 semaines de 40 heures. Il s'agit d'un pur chef-d’œuvre, qu'il s'agisse de la durée passée par l'artisan, de l'habileté déployée par lui ou de l'aspect de l'objet fini. Sa fabrication vaut donc qu'on s'y attarde quelque peu.

- La fontaine d'Auvergne se distingue par sa forme et surtout par l'élégance de sa « Jupe » qui, en termes de chaudronnerie, désigne l'évasement du réservoir.

Fabrication du réservoir.

- La jupe est obtenue à partir d'un cylindre de tôle qui est brasé. Cette soudure détermine le milieu de ce qui deviendra la face arrière, qui est plate, puisque suspendue au mur ou à un meuble vertical. Ce cylindre est ensuite ouvert vers le haut et le bas, l'ouverture du haut étant moins importante. Un amincissement au premier tiers est provoqué par rétreinte et cette taille marquée renforce l'image de la jupe déjà évoquée.





- Les arêtes sont marquées par martelage. La gravure au burin ou le repoussage sur du plomb coulé à l'intérieur s'opèrent à ce moment là si la fontaine est décorée d'un motif central. Le haut et le bas sont moulurés pour permettre l'insertion du fond et du couvercle. Tout l'intérieur est étamé, rappelons que le réservoir contient l'eau et doit résister à l'oxydation.

Le couvercle et le fond.

- Ils sont rétreints à partir d'une feuille de cuivre. Tout l'art réside donc dans l'emboîtage parfait de ces deux éléments avec le corps du réservoir.

- Le premier, parfois surmonté d'une palmette en bronze, est simplement emboîté sur le corps de la fontaine. C'est par là qu'on la remplit.

Le second est serti au corps, puis soudé à l'étain pour une meilleure étanchéité. Le fond comprend deux mamelons hémisphériques qui ont été emboutis au marteau, percés et munis de deux robinets en bronze.

Fabrication du bassin.

- Le bassin comprend la coupe qui reçoit l'eau d'écoulement et le pied qui assure la stabilité de l'ensemble et qui repose généralement sur une tablette à 30 centimètres au-dessous des robinets. La coupe est rétreinte d'une seule pièce. Le pied est un tronc de cône soudé à la coupe et souvent mouluré.



Cette partie de la fontaine n'est pas étamée.

Pour plus de détails, nous vous renvoyons aux dessins. Nous espérons avoir donné une idée suffisante de la complexité de cet objet, devenu de pure décoration maintenant que nous avons l'eau sur l'évier, mais qui inspire toujours autant d'admiration à l'amateur éclairé. Mais justement, le client est-il toujours bien informé sur le travail du cuivre.


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