Des métiers racontés par leurs ouvriers.

Le dinandier d'Aurillac.

De la forme à la bassine.

Le bas du cylindre, pour l'instant simplement rétreint, est rabattu vers l'intérieur, au marteau, sur le tas bombé. On obtient ainsi « la pince » qui est une bordure de 2 cm de large permettant l'agrafage du fond.

- Celui-ci est découpé dans une feuille un peu plus épaisse que les flancs car il ira au feu, 10/10 de mm. L'artisan pose la coupe sur le cuivre, trace le cercle du fond en suivant le bord de la pince. On augmente le rayon obtenu d'un centimètre pour obtenir les onglets. On trace le cercle définitif et on découpe.

- Le fond est bombé légèrement sur le tas, mais ultérieurement, il redeviendra plat. Cette opération est donc une transition permettant de faciliter l'assemblage du fond et des flancs de la bassine. En effet, le pré-planage qui écrasera la brasure réaplanira le fond.

- Le bord du cercle est gratté afin d'être parfaitement propre, les onglets sont découpés, coups de cisailles en oblique pour obtenir des queues d'aronde. Puis rabattus 1 sur 2 du côté convexe avec la pince à bouts ronds.



- Fond et coupe sont ensuite assemblés, les agrafes du fond enserrant la pince, alternativement dessus et dessous. On opère ensuite le brasage, qui sera décrit plus loin et on sous-plane la soudure pour la résorber, sur le tas rond et bombé.

L'opération délicate reste la finition du fond.

- La carre, angle formé par les flancs et le fond et qui fait approximativement 90°, est exécutée en 2 fois. Le marteau à décarrer marque sur la pince deux carres provisoires qui préparent le passage à l'angle droit par deux angles obtus.

- Le fond est martelé pour redevenir parfaitement plat, pour cela, le métal est repoussé
vers l'extérieur. La carre prend son aspect définitif d'angle droit, mais cependant suffisamment arrondi pour que la cuillère de bois de la ménagère puisse récurer la bassine parfaitement. Le bordage consiste à renforcer le cercle supérieur de la bassine avec un jonc métallique. L'artisan opère selon le processus suivant.

- Chauffe du bord pour l'assouplir car le martelage a écroui le cuivre.

- Mesure de longueur du jonc, report de 3 fois le diamètre de la bassine et supplément au « pifomètre » qui donne les décimales du nombre.

- Découpe du jonc à la scie à métaux dans l'étau.

- Cintrage du jonc à la cintreuse et dressage sur le pied de chèvre, au marteau, ceci afin de le rendre plat.

- Traçage d'un cercle au trusquin, deux centimètres à l'intérieur de la bassine, pour déterminer la largeur de métal à rabattre.

- « tombage » du bord, perpendiculairement au flanc.

- Un nouveau recuit est donné à l'ensemble, suivi d'un décapage à l'acide.

- Le bord est rabattu sur le jonc. Le planage est la dernière opération. Tout comme le sous-planage qui le précède, c'est un martelage qui a deux effets.

- Il durcit le métal, écrouissage volontaire en vue de son utilisation domestique.

- Il polit la pièce, chaque coup de marteau imprimant dans le métal une trace brillante.

- On le voit dans cet exemple, dans l'artisanat traditionnel, la recherche esthétique n'est pas une fin en soi, mais l'aboutissement d'une logique fonctionnelle. Nous aurons l'occasion de revenir sur cet aspect des choses.

- Puis les flancs de la bassine sont rectifiés au maillet. La carre est martelée au marteau à décarrer sur la ducine qui est un tas très mince.

- Le récipient est alors poli au sable de mer, en le baignant dans l'eau d'un bac, puis au disque à polir, disques de calicot enduits de pâte à polir. On pose enfin les oreilles en laiton, fournies par un fondeur de Toulouse. Cet assemblage se fait par rivetage.

- Dans la technologie du métier, nous avons privilégié la mise en forme de ce matériau éminemment malléable qu'est le cuivre. Mais d'autres aspects méritent d'être développés.