Des métiers racontés par leurs ouvriers.
Le dinandier d'Aurillac.
Battre le cuivre, la science du métal.
Jadis, on vous aurait fabriqué une bassine à partir, d'une « coupe noire » martinée à Durfort (Tarn). Robert Bastien va fabriquer sous nos yeux une bassine à partir d'une feuille de cuivre. Il faut la découper, la mettre en forme, réaliser des soudures pour assembler les parties. Mais le travail du cuivre est dans l'ensemble le même que dans le cas d'un chaudron traditionnel. Nous aurons à expliquer un certain nombre de termes techniques qui nous feront comprendre que le cuivre, comme l'argile, est un matériau dont la mise en oeuvre nécessite un long apprentissage.
- La bassine comprend deux parties, la coupe, flanc de la bassine et le fond. Pour réaliser la coupe, l'artisan part d'une feuille rectangulaire de 8/10e de mm d'épaisseur, de 108 x 21 cm, découpée à la cisaille à main. Il l'enroule en cylindre en la ployant à la main. Les bords sont découpés à la cisaille en onglets trapézoïdaux et sont ensuite brasés.
- A partir de ce cylindre, on peut commencer à le déformer par battage. On utilise pour cela une qualité essentielle du cuivre, sa très grande malléabilité. On opère avec des marteaux d'une variété infinie, ou des maillets en bois, en frappant sur des supports métalliques également très divers, chevalets, tas, pied de chèvre, enclumes, etc... Mais cette plasticité du métal rouge a ses limites. On dit qu'il est écroui. Pour lui rendre ses aptitudes à la déformation, il convient de le chauffer, c'est-à-dire d'effectuer un recuit.

Robert Bastien bordant une bassine à confiture sur la chevalet.
-
Pour revenir à notre bassine à confitures, le batteur doit l'ouvrir vers le haut, distension du métal et la refermer vers le bas rétreinte. Cette rétreinte est tout un art, sur lequel les manuels techniques sont peu explicites, « écoulement dirigé du métal » dit-on. Je retiendrai plutôt, pour ma part, cette image de François Castex, un vieux chaudronnier de Villefranche-de-Rouergue. Il me disait en substance, pensez aux fronces que vous obtenez lorsque vous recouvrez de papier cellophane un pot de confitures. Rétreindre signifierait, faire disparaître ces plissotements... si le papier le permettait. Le cuivre.. lui, le permet... à condition de savoir le dompter.
-
Ecoutons Robert Bastien à ce sujet.
-
« Le plus difficile dans le métier, c'est la rétreinte, c'est-à-dire diminuer un diamètre. Et alors, évidemment, en diminuant. Il forme des plis, il y a du métal en trop. Alors tout l'art consiste à éviter que ces plis se retournent sur eux-mêmes... à les aplatir. Il faux refouler le métal de façon à ce qu'il n'y ait pas de plis ».
-
Tout le contraire du pâtissier, en somme, lui qui cherche à « garder en mémoire » dans sa pâte feuilletée les cent et un plis qu'il lui a imposés.
-
D'où les déconvenues de l'apprenti, je voyais que j'avais un pli qui partait de travers, que je n'arrivais pas à l'étirer... Pendant que le patron me regardait pas, je foutais un grand coup de marteau dessus pour l'aplatir en disant, on le retrouvera pas celui-là, Mais à la passe suivante, on le retrouvait. Le cuivre casse là ou on a rabattu un pli sur lui-même.
-
L'ouverture, moins délicate que la rétreinte, se fait avec le marteau à ouvrir, sur un tas, en frappant à l'intérieur du cylindre. La distension régulière du métal permet d'obtenir une augmentation légère du diamètre.

|